Pattes quantiques 2 : le tunnel cosmique
Une micro-fiction par A.B. Alabee
Tant de portails, lequel s’ouvrira pour moi aujourd’hui ?
Il fait encore nuit dehors, mais les oiseaux gazouillent depuis un moment. Allez, mon humain, il est temps de bouger. Je sais que ta boîte à musique va retentir bientôt, mais je ne peux pas attendre pour qu’elle t’anime. Comme un lion dans les hautes herbes du Serengeti, je rampe sur le duvet moelleux, continue sur la pointe des pieds afin de traverser l’espace de la couette soyeuse et, après le va-et-vient obligatoire de mon arrière-train, je bondis sur sa poitrine. Sans me regarder, elle se retourne sur le côté et tire la couverture vers le haut. Je saute pour éviter de m’écraser sur le plancher de bois dur. Elle a enlevé les tapis épais après que j’ai détruit le dernier. Dommage, j’adorais sa texture tissée.
Je ne me laisserai pas distraire ; l’immensité de l’univers m’attend. Je bondis sur son épaule. Où se cache cet appendice qu’elle utilise pour frotter ma fourrure ? Impossible à trouver, comme d’habitude. Qu’à cela ne tienne, je connais d’autres moyens d’arriver à mon but. Le visage nu devient ma prochaine cible. Cependant, j’ai besoin de le toucher doucement, elle n’aime pas mes griffes si près de sa bouche. Une petite tape. Elle me repousse avec son bras. Il disparaît à nouveau. Une autre tape. Elle grogne qu’il est trop tôt, puis se dissimule sous l’oreiller.
Pense-t-elle que je vais abandonner ma quête si facilement ? Elle a laissé la porte entrouverte, je sais comment la sortir du lit. Je contracte mes muscles tout en calculant ma trajectoire puis je les relâche comme un ressort pour atteindre le bord supérieur de la porte. Elle se referme. Mes pattes arrière grattent follement le bois. Celles de devant s’ancrent sur l’étroit perchoir qui m’attend. De la même façon que j’y suis parvenu tant de fois auparavant, je me hisse vers mon but. Je m’assieds et j’observe le monde que je vais explorer.
Il ne se passe rien. Je laisse s’échapper une petite plainte. Mon humaine me regarde et soupire. La victoire est proche. Elle se lève, enfile ses pantoufles, referme sa robe de chambre sur son pyjama puis, maugréant contre moi, elle glisse sa main sous mon ventre. Je miaule mon indignation. Elle ne s’en soucie guère parce qu’elle sait que nous jouons le jeu que je gagne tous les matins.
Elle descend les escaliers, quel portail va-t-elle m’ouvrir aujourd’hui ? J’attends toujours sur le palier jusqu’à ce qu’elle atteigne le salon, puis je me précipite vers elle. Elle fait cliqueter le couvercle de la boîte remplie de délices de poisson savoureux et je ne peux m’empêcher de sauter vers mon bol. Elle y dépose quelques flocons. Je plonge dans mon repas. Elle me pousse la tête. Laissez-moi manger ! Ah ! OK, je reçois une portion supplémentaire aujourd’hui !
La vaisselle produit le tintamarre matinal à l’évier, la machine à vapeur commence à grincer et la puanteur amère de l’eau brune empeste la pièce. Il est temps de déguerpir. Elle n’a pas ouvert la porte. Je la tape et elle me dit de patienter. Patient ! Le soleil brille maintenant, et il me reste plusieurs univers à explorer. J’entre dans l’une des antichambres de mes aventures.
Je regarde le grand portail scellé, mais je peux voir l’immensité verte au-delà du patio. Quant à la sortie supérieure, mon humaine ne la garde pas ouverte tout le temps depuis qu’elle a créé le « tunnel cosmique ». Je me tourne vers cette petite fenêtre sur un nouveau monde. Comme je franchis le seuil, je suis aspiré puis reprends forme de l’autre côté. Je regarde vers la gauche puis vers la droite ; j’étire mon cou puis je m’assieds sous le toit. Mon nez face au vent, je m’assure qu’aucun intrus ne rôde dans les parages. Personne. Je m’aventure plus loin dans cet univers. Mes pattes se trempent dans l’eau du ruisseau ; la pluie tombe sur ma tête. J’ai besoin d’un monde ensoleillé ! Vivement que je retourne pour demander à mon humaine d’ouvrir un autre portail !
Je me précipite dans ma maison. Elle est assise à son bureau, ses doigts courant follement sur le rectangle noir. Je miaule. Elle ne me regarde pas quand elle dit « bonjour ». Je frotte mes côtes contre sa jambe. Distraitement, elle me caresse le dos. Je suis sûr qu’elle sait ce que je veux. Très bien, je vais être clair. Je me tiens devant le portail principal et je le gratte. Elle interrompt son travail, me rappelle que la porte arrière est ouverte, mais libère la serrure de cette sortie, m’informant qu’il pleut de l’autre côté de cette porte aussi.
Je comprends, mais je n’ai aucun doute que, « de l’autre côté », la pluie ne sera pas aussi liquide. Je franchis le seuil. Elle ferme le portail derrière moi. J’ai mal jugé le niveau d’humidité. Là ; un refuge ! Je me précipite à travers la douche acide. Je me retrouve finalement en sécurité… jusqu’à ce que cette rivière qui se forme sur le trottoir submerge mes pattes. De l’ombre de mon sanctuaire pas-si-sec-que-ça, j’apercevoir une arche rayonnante sur le mur. Si je veux retourner à la chaleur de ma maison et aux câlins de l’humain qui l’habite, je vais devoir utiliser de nouveau le tunnel cosmique !
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Loudna and the Strings of Time: War of Taar sortira en anglais en juillet 2022.
Bonne semaine!
Quantum Paws 2: the Wormhole
A Flash fiction by A.B. Alabee
So many portals, which one will open for me today?
It’s still dark outside. However the birds have been chirping for a while, come on, my human, it’s time to move. I know your music box will start soon but I can’t wait for it to switch you on. Like a lion in the tall grass of the Serengeti, I crawl over the fluffy blanket, tiptoeing on the silky duvet and, after the mandatory wiggle of my butt, I pounce on her chest. Without a pip, she turns on her side and pulls the cover up. I leap to avoid a terrible crash onto the hard wood floor. She took the rugs away after I destroyed the last one. Shame, I loved its weaved texture.
I shall not be distracted; the vastness of the universe awaits me. I jump on her shoulder. Where is that appendage she uses to rub my fur? Hidden as usual, but it will not deter me. The bare face becomes my next target. However, I need to touch it gently, she doesn’t like my claws so close to her mouth. A little pat. She pushes me away with her arm. It disappears again. Another pat. She grunts, tells me it’s too early, then escapes under the pillow.
Does she think I will abandon my quest so easily? She left the door ajar, my chance to get her up. I’m contracting my muscles while calculating my trajectory then I release them as a spring to reach the top edge of the door. It swings, my back legs scratch madly, I claw with my front paws, but, as I have done so many times in the past, I scuffle to safety. I sit and observe the world from my high vantage spot.
Nothing is happening. I let out a small complaint. She looks at me and sighs. Victory is nigh. She gets up, slips her feet into her slippers, wraps her dressing gown on top of her pyjamas then, grumbling at me, she slides her hand under my tummy. I meow my indignation. She’s not bothered because she knows I’m only playing the game I win every morning.
She walks down the stairs, which portal will she open for me today? I always wait on the landing until she reaches the living room, then I rush to her. She clicks the lid that covers the tin filled with tasty fish delights and I can’t help myself; I leap to my bowl. She drops some flakes; I dive in. She pushes my head. Let me eat! Ah! OK, I’m getting an extra portion today!
The dishes cling and clang at the sink, the steaming machine starts rattling and the bitter stink of the brown water infuses into the air. It’s time to dash out. She hasn’t opened the door. I paw it and she tells me to be patient. Patient! The sun is shining now, and I have many so universes to explore. I enter one of my adventure’s antechambers.
I look out of the large portal, it remains sealed, but I can see the green vastness beyond the deck. I can forget about the top exit, she isn’t keeping it open all the time since she has created the ‘wormhole’. I’m peering through it, a small window to the next world. As I cross the threshold, I’m sucked in and burst out on the other side. I peep left and right; stretch my neck out then sit under the roof. My nose facing the wind, I check for intruders. No-one. I venture further in this universe. My paws splash, the rain drops on my head. I need a sunny universe, quick, I will get my human to open another portal.
I dash in. She’s sitting at her desk, her fingers racing madly on the black rectangle. I meow. She’s not looking at me when she says, ‘hello’. I rub my sides against her leg. She distractedly pats my back. I’m sure she knows what I want. Fine, I will make myself clear. I stand in front of the main portal and paw it. She interrupts her work, tell me the back door is open, but releases the lock of this exit, reminding me that it is still raining at the front door.
I understand, but I have no doubt that, on the other side, the rain doesn’t feel as wet. I step across the threshold. She closes the portal behind me. I misjudged the dampness. There; a shelter! I dash through the acidic shower. Safe again … until this river forming on the pavement submerges my paws. From the shadow of my not-so-dry-anymore sanctuary, I spot a beaming arch on the wall. If I want to return to the warmth of my home and the cuddles of the human who inhabits it, I’ll have to use the wormhole again!
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