A New Year's flashfiction / Une microfiction du nouvel an.
La semaine dernière, j’ai revisité les survivants de la grande panne d’électricité lorsque l’un des jeunes adultes revenait d’une sortie à la recherche de nourriture, la veille de Noël. Cette semaine, Arkhana entre dans le Café Quantique de Southampton à la Saint-Sylvestre et rencontre Kay, une adulte qui ne devrait pas s’y trouver.
Le Café Quantique de Southampton
une microfiction de Noël par A.B. Alabee
En entrant dans le Café Quantique dans les caveaux du château médiéval de Southampton, je m’immobilisai au pas de la porte. Au milieu du tumulte habituel des ados, une femme aux cheveux fuchsia, et enveloppée dans un manteau de velours bleu vif, sirotait un latte à la citrouille épicée et écrivait dans un carnet de notes. Par-dessus ses lunettes en écaille de tortue, elle me fixait de ses yeux vert pâle en fronçant les sourcils. Comme les apprentis tisserands de l’époque Tudor me saluaient et promettaient de me parler de leur dernière aventure, la femme me fit signe de la rejoindre. Je passai près des servantes géorgiennes et victoriennes absorbées dans une conversation profonde. Deux tables plus loin, je saluai d’un hochement de la tête les suffragettes et la couturière qui avait échappé au blitz de 1940 en se réfugiant dans le caveau pour y découvrir le café.
La femme retira son duveteux chapeau blanc qui se trouvait sur la chaise où je m’assis rapidement. Je ne pouvais pas expliquer comment elle avait réussi à entrer dans le café et je ne la reconnaissais pas comme l’une des ados qui avaient l’habitude de venir ici dans sa jeunesse. Lorsque le cerveau humain mûrit, il ne peut plus activer le portail, ainsi, en s’engageant dans le caveau du château, les adultes ne voient que la salle voûtée vide.
J’ouvris la bouche, mais elle leva l’index :
« Vous êtes donc le Druit qui maintient le continuum espace-temps pour ce café. Je suis Kay. »
« En effet. Je suis Arkhana. Comment êtes-vous arrivée ici ? »
Tout en continuant d’écrire, elle répondit :
« J’étais une habituée dans un café semblable à Québec durant mon adolescence. Quand ma voix intérieure m’a dit d’oublier, j’ai décidé que je m’en souviendrais. »
Je tordis mon visage en une moue incrédule. Même si j’avais entendu parler de certains humains adultes qui pouvaient synchroniser leurs ondes cérébrales avec le portail et entrer dans les cafés quantiques, je n’en avais jamais rencontré auparavant. Afin de continuer à traverser dans ma dimension, ils doivent refuser d’adhérer aux attentes de la société. Ils rejettent les étiquettes, donc ni l’origine ethnique, ni la citoyenneté, ni le sexe, ni l’orientation sexuelle ne définissent qui ils sont.
J’inclinai mon torse. Elle me sourit avant de fermer son calepin en se levant. Puis, couvrant ses cheveux brillants de son chapeau, elle s’éloigna. Je la suivis du regard et, comme elle disparaissait à travers le portail, un frisson me saisit. Je remarquai alors qu’elle avait laissé son calepin sur la table. Le soulevant au passage, je me précipitai vers la porte, mais je m’arrêtai net devant le champ de force qui bourdonnait dans mes oreilles. Un post-it rose néon paraissait entre deux pages et il m’était adressé.
« Cher Arkhana, je suppose que vous n’avez pas lu mes blogues ; voici mes pensées pour le prochain. »
Je m’affaissai sur la chaise à la table la plus proche et j’ouvris le calepin.
« Mes parents m’ont nommée Kay. Je suis née dans un corps féminin et j’ai grandi pour devenir une humaine. Je ne suis ni faible ni vulnérable, je suis différente et je réclame le respect. Nous existons tous à différents niveaux de l’échelle des capacités humaines. Nous partageons tous les mêmes aspirations : celles de vivre en sécurité et dans le respect, d’être en bonne santé et en paix.
Alors que nous entamons une nouvelle année, nous souhaitons la paix, la santé et la richesse à nos amis et à notre famille. Cependant, en tant que civilisation avancée, notre humanité échoue. Quand la majeure partie de la population mondiale est opprimée, quelle est la signification de l’amour, de la paix et du bonheur ?
L’amour et le bonheur commencent dans notre foyer. La paix s’étend à notre rue, à notre quartier, à notre ville, à notre région, à notre pays et au monde. Je crois en la décence humaine. Je crois que le respect et la gentillesse prévaudront. Je crois que nous atteindrons l’illumination et l’harmonie. Je ne suis pas une utopiste, je crois en nous.
Par conséquent, je souhaite pour 2025 que nous acceptions nos différences afin que les humains du monde entier puissent trouver la paix, la santé et la richesse partagée.
Bonne année ! »
Je mis son calepin dans la poche intérieure de mon manteau, car je comprenais l’importance de cette Kay. En effet, je devrai peut-être l’appeler à la barre des témoins lorsque mes pairs discuteront de se débarrasser de l’humanité sur Terre de nouveau.
Bonne semaine!
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Bonne semaine!
Last week, I revisited the survivors of the Great Blackout when one of the young adults returns from foraging on Christmas Eve. This week, Arkhana enters Southampton’s Quantum Café on New Year’s Eve and meets Kay, an adult who shouldn’t be there.
Southampton's Quantum Café
A New Year's flashfiction by A.B. Alabee
As I entered the Quantum Café in Southampton’s medieval castle vault, I stopped in my tracks. Amid the usual hustle and bustle of the young crowd, a woman with fuchsia hair and a bright blue velour coat was enjoying a pumpkin- spiced latte and writing in a black moleskin notebook. She stared over her tortoiseshell glasses, her pale green eyes locked on me and she frowned. As the Tudor apprentice weavers greeted me and promised to tell me all about their last adventure, the woman beckoned me to join her. I walked by the Georgian and Victorian maids absorbed in a deep conversation, bowed to the suffragettes chatting with the seamstress who had escaped the blitz of 1940 by sheltering in the vault henceforth discovering the café.
The woman removed her fluffy white hat from the chair where I sat promptly. I couldn’t explain how she managed to enter the café. I didn’t recognize her as one of the teenagers who used to hang here in her youth. When the human brain matures, it can no longer activate the portal, so the empty medieval vault is all that remains to be seen.
As I opened my mouth, she lifted her index finger:
“So you’re the Druit who is holding the space-time continuum for this café. I’m Kay.”
“Yes. I’m Arkhana. How did you get in here?”
Still writing, she replied:
“I used to visit a similar café in Quebec when I was younger. When my internal voice told me to forget, I decided I would remember.”
I frowned. I had heard of some adult humans who could sync their brain waves to the portal and enter the quantum cafés, I had never met one before. The only way they could continue crossing into my dimension is if they refuse to adhere to societal expectations. They reject labels therefore neither ethnicity, citizenship, gender nor sexual orientation define who they are. I bowed my head. She smiled, closed her notebook and stood.
Then, setting her hat on her bright hair, she walked away. I stared as she vanished through the portal and a shiver rolled down my spine. That’s when I noticed she had left her notebook on the table. I grabbed it and dashed for the door, but stopped in front of the force field buzzing in my ears. A neon pink Post-it note stuck out between two pages. It was addressed to me.
“Dear Arkhana, I assume you haven’t read my blogs; here are my thoughts for the next one.”
I slumped on the chair at the closest table and opened the notebook fully.
“My parents named me Kay. I was born in a female body and grew up to become a human. I’m neither weak nor vulnerable, I’m different and I expect respect. We all live on the spectrum of human abilities. We all share the same aspirations to be safe and respected, to be healthy and live in peace.
As we begin a new year, we all wish peace, health and wealth to our friends and family. However, as an advanced civilization we’re failing at humanity. When most of the world’s population is oppressed, what is the meaning of love, peace and happiness?
Love and happiness start in our home. Peace spreads to our street, neighbourhood, town, city, country and the world. I believe in human decency; I believe respect and kindness will prevail. I believe we will reach enlightenment and harmony. I’m not a dreamer; I believe in us.
Therefore, I wish for 2025 that we all accept our differences so that all around the world humans can find peace, health and shared wealth.
Happy New Year!”
I put her notebook in my coat’s inside pocket, because I understood the importance of this Kay. Indeed, I may have to call her to the witness stand when my peers discuss getting rid of humanity on Earth again.
Have a good week!
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